Ecole – Lu dans Ouest-France

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Dans les collèges rennais, une nouvelle carte scolaire pour favoriser la mixité sociale

Le département d’Ille-et-Vilaine va consulter les parents des futurs collégiens pour engager une refonte de la carte scolaire, à partir de la rentrée 2024. Avec davantage de mixité sociale, il espère renforcer l’égalité des chances et de la réussite de tous les élèves.

À partir de la rentrée 2024, la nouvelle carte scolaire va concerner les collèges publics de Rennes et de la première couronne.
À partir de la rentrée 2024, la nouvelle carte scolaire va concerner les collèges publics de Rennes et de la première couronne. | ARCHIVES OUEST FRANCE

La mixité sociale à l’école fait beaucoup parler en ce moment. Gaëlle Rougier, adjointe à l’éducation à la ville de Rennes, souhaite que l’enseignement privé s’investisse davantage, car « il attire plutôt des publics favorisés ». De son côté, Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine, considère que l’école privée « n’a pas à rougir, elle prend toute sa part au service public d’éducation ».

Les écarts de réussite

Le conseil départemental, pour sa part, réfléchit à une profonde refonte de la carte scolaire des collèges publics rennais à partir de la rentrée 2024. Toujours pour favoriser la mixité sociale. « Toutes les études le montrent, c’est en France que les écarts de réussite se creusent le plus à l’issue de l’école », constate Jean-Luc Chenut, le président du Département.

Jeanne Larue, vice-présidente du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine en charge de l’éducation, avec Jean-Luc Chenut, président. | OUEST-FRANCE

« Le statu quo n’est pas une solution. La volonté politique seule ne suffira pas, mais sans volonté politique, on ne bougera pas. » Un constat partagé par Jeanne Larue, vice-présidente en charge de l’éducation. « En fonction des quartiers, les inégalités scolaires ne font qu’aggraver les inégalités sociales. »

Une réunion avec les parents

Le conseil départemental va donc faire évoluer les périmètres de recrutement des collèges publics. Depuis un an, il a engagé une vaste réflexion en lien étroit avec les services de l’Éducation nationale et les communes concernées (la Ville de Rennes et sa première couronne). Les parents d’élèves sont également associés (ceux dont les enfants sont scolarisés du CP au CM1 dans les écoles de Rennes, Chantepie, Saint-Grégoire, Thorigné-Fouillard et Vezin-le-Coquet).

La concertation va débuter dès ce mois-ci. Lundi 5 juin, une rencontre avec l’ensemble des parents volontaires aura lieu aux Archives départementales, dans le quartier de Beauregard, afin de réaliser un diagnostic. Entre le 12 et le 20 juin, des ateliers vont se tenir dans quatre secteurs, pour s’exprimer sur les différents scénarios. En fin d’année, le Département tranchera sur la nouvelle carte scolaire.

Lire aussi : ENQUÊTE. À Rennes, la mixité scolaire en panne dans les écoles, collèges et lycées

Plusieurs scénarios possibles

À quels changements faut-il s’attendre ? On le saura en fin d’année, puisque la carte scolaire des collèges publics va changer progressivement en 2024, 2025 et 2026. Mais dès à présent, on peut imaginer des scénarios innovants, à l’image de ce qui a pu être réalisé dans d’autres grandes villes en France, comme à Toulouse.

« Les écoles ne seront pas nécessairement rattachées au collège le plus proche, prévient Jean-Luc Chenut. Cette logique de proximité a tendance à pérenniser des situations de ségrégation sociale. » Un secteur multi-collèges existe déjà depuis 2016 avec Rosa-Parks, Emile-Zola et Anne-de-Bretagne. Il permet à des élèves de Villejean de fréquenter des collèges du centre-ville.

Et dans le privé ?

Autre pratique qui pourrait voir le jour à Rennes, « la montée alternée, avec un binôme de collèges. Une année, tous les 6e vont au collège A. L’année suivante, tous sont accueillis au collège B, décrit Jeanne Larue. Cela permet un brassage. »

Fermetures de classes, enseignants non remplacés : l’école publique est-elle menacée ?

En parallèle, le Département mène des discussions avec la Direction diocésaine de l’enseignement catholique. « À la différence du public, il n’y a pas de carte scolaire, rappelle Jean-Luc Chenut. Mais nous travaillons sur les crédits d’investissement mobilisés au titre de la loi Falloux en privilégiant, par exemple, les établissements qui pratiquent la tarification à trois niveaux. »