GAZA : “Un charnier à ciel ouvert”… et Macron regarde ailleurs.

« On passe peu à peu d’une prison à ciel ouvert à un charnier à ciel ouvert. » C’est en ces termes que Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde, conclut l’interview qu’il accorde à Libération au sujet de Gaza.

. « Un charnier à ciel ouvert »… Biden a donné son feu vert en déclarant : « Nous ne fixerons pas de ligne rouge à Israël. » Ainsi garantie de la plus totale impunité par la puissance capitaliste qui domine le monde, l’armée israélienne peut massacrer en silence. Après avoir coupé du reste du monde deux millions de Gazaouis quarante-huit heures durant, elle sait qu’elle peut faire ce qu’elle veut à Gaza : les grandes puissances ne bougeront pas.

Et le gouvernement Macron-Darmanin ? Il a voté la résolution de l’ONU demandant une « trêve humanitaire ». Autrement dit : quelques heures de pause entre deux bombardements, le temps de faire entrer quelques camions de vivres et d’eau, et ensuite… que le massacre reprenne de plus belle !

Mais Macron et Darmanin n’ont pas eu un mot pour prendre leur distance avec l’appui donné par Biden au massacre. Encore moins pour le condamner. Ce silence du gouvernement est lourd d’un soutien de fait à l’intervention.

Darmanin multiplie en revanche les discours condamnant les actes antisémites qui se multiplieraient en France. Cela mérite qu’on s’y arrête. Les actes antisémites sont évidemment inacceptables. Inacceptables et stupides. Inacceptables, parce que s’en prendre aux tenants ou aux édifices de telle ou telle religion, c’est remettre en cause les principes de liberté de croyance et d’égalité des citoyens, quels que soient leurs opinions et leurs engagements. Stupides, parce que les personnes d’origine juive ne portent aucune responsabilité dans la politique de l’État d’Israël.

Mais Macron et Darmanin, eux, ne sont pas stupides. Ils savent ce qu’ils font avec leur politique de « deux poids, deux mesures » qui autorise à Paris les manifestations pro-Netanyahou, drapeau israélien en tête, et qui interdit les manifestations en défense du peuple Palestinien.

Ils savent ce qu’ils font en soufflant sur la braise. Dès le 7 octobre, le ministre de l’Intérieur s’est précipité pour évoquer de possibles actes antisémites. Le président, lui, depuis de nombreuses années a tracé l’équation antisionisme = antisémitisme. Mensonge avéré. De nombreux juifs s’opposent à la politique de Netanyahou et au sionisme, c’est-à dire à ce projet politique qui vise à constituer un État juif exclusif niant au peuple palestinien ses droits. D’ailleurs, dans les manifestations contre l’intervention israélienne, de nombreux participants revendiquent leur origine juive, y compris en portant (aux États-Unis) des T-shirts proclamant : « Juifs pour le cessez-le-feu ». Affirmer que l’antisionisme équivaut à l’antisémitisme (nous avons dénoncé cet amalgame à de nombreuses reprises dans nos colonnes), c’est une arme qui se retourne contre les juifs, désignés comme collectivement responsables de la politique de l’État d’Israël. Macron et Darmanin portent ici une lourde responsabilité dans l’encouragement à des actes antisémites que, répétons-le, rien ne peut excuser.

Et la « gauche » dans tout ça ? Ici et là, des communiqués condamnent les massacres à Gaza. Mais que font-ils ? Il y a eu des centaines de milliers de manifestants dans les capitales des pays occidentaux, à New York, à Londres… à l’appel de partis, d’organisations, de coalitions. Que fait la « gauche » à Paris ? Où est-elle la manifestation de centaines de milliers pour exiger « Arrêt du blocus, arrêt de l’intervention » ? Elle n’est pas. Les dirigeants de « gauche » ne se vantent-ils pas d’avoir 151 députés ? Si ces 151 députés, laissant de côté un instant leurs querelles, signaient un appel en commun à manifester pour la levée du blocus et l’arrêt des bombardements ; si, ensemble, ils disaient à MM. Macron et Darmanin : « Vous pouvez essayer d’interdire ce que vous voulez, nous manifesterons et nous appelons tous les citoyens et toutes les organisations à venir manifester pour que cesse le massacre » ; si ces dirigeants, pour une fois, utilisaient leur énergie non pour se diviser mais pour rassembler le peuple travailleur et la jeunesse pour la justice et la paix en Palestine ; si Mélenchon, Roussel et Faure, pour une fois, faisaient l’effort d’annoncer qu’ils seront en tête de cortège et qu’ils s’opposeront à toute tentative d’empêcher la manifestation, alors… sans nul doute, Paris aussi verrait des centaines de milliers de manifestants exiger l’arrêt immédiat du blocus à Gaza !

Il y a urgence : que chacun prenne ses responsabilités !

Car chaque minute qui passe transforme un peu plus Gaza en un « charnier à ciel ouvert ».


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