Une histoire américaine ? Pas que…
C’est l’histoire de travailleurs qui n’en peuvent plus : « Nous travaillons dix à douze heures par jour et nous sommes épuisés », dit l’une. « Je ne connais personne qui arrive à boucler ses fins de mois », dit l’autre, en larmes.
C’est l’histoire de travailleurs qui se sont mis en grève : « Le patron s’est augmenté de 40 %, alors on veut 40 %, nous aussi. On se bat pour notre classe », explique l’un d’eux. Qui ajoute : « Nous ne demandons pas grand-chose… seulement la justice. »
C’est l’histoire de travailleurs qui ont fait appel à leur syndicat. Et le syndicat a répondu à leur appel en organisant la grève.
C’est l’histoire de travailleurs à qui on a expliqué qu’en raison de la « transition énergétique » ils devraient accepter des sacrifices. Et qui ont répondu en inscrivant parmi leurs revendications l’exigence suivante : même si les conditions de production sont bouleversées du fait de cette « transition », les nouvelles entreprises de la branche devraient garantir les mêmes droits que ceux obtenus jusque-là.
Cette histoire, c’est celle de la lutte de classe. Plus précisément de la lutte de masse en cours aux États-Unis à laquelle La Tribune des travailleurs consacre l’ouverture de ce numéro. Mais cette histoire n’est pas spécifiquement américaine. Elle pourrait, à peu de chose près, être française ou chinoise, allemande ou nigériane. La lutte de classe est internationale.
L’épreuve de force qui se joue en ce moment aux États-Unis nous en rappelle les règles élémentaires.
La première, c’est qu’aucun argument – ni la dette, ni la guerre, ni la transition énergétique, ni la crise économique – ne doit amener les travailleurs à renoncer à leurs revendications. La plus élémentaire de ces revendications étant la justice : rien ne peut justifier que des travailleurs renoncent à leur pouvoir d’achat, rien ne peut justifier que le patron se goinfre de profits tandis que les pertes de pouvoir d’achat montent à 40 ou 50 %.
La deuxième leçon universelle, c’est que rien ne peut se gagner sans l’unité et le respect de la volonté ouvrière. Aux États-Unis, le syndicat a organisé la consultation des travailleurs sur la décision d’engager la grève. C’est mandaté par eux et par un vote largement majoritaire qu’il a donné l’ordre de grève.
La troisième leçon, c’est celle que dégage un responsable régional du syndicat : « Contrairement à ce qui se faisait dans le passé, la nouvelle direction du syndicat n’a pas cédé aux patrons, fini le “partenariat” quand les syndiqués nous accusaient d’être de mèche avec le patron. »
La quatrième leçon ? Rien, absolument rien, ne sera concédé à la classe ouvrière sans combat. Rien, absolument rien, ne sera gagné sans le rapport de force.
Indépendance ouvrière, unité ouvrière, démocratie ouvrière dans le combat : cette triple exigence est-elle propre à la lutte des classes aux États-Unis ?
Non, elle concerne tous les travailleurs.