« L’aide humanitaire » s’est limitée à trois convois, une cinquantaine de camions. Cinquante camions en quinze jours là où il en faudrait, selon l’ONU, au moins mille cinq cents, à raison de cent par jour !
Cinquante camions en quinze jours pour plus de deux millions d’habitants : un chiffre d’autant plus dérisoire que l’armée israélienne interdit l’entrée des carburants. Or, « sans carburant, il n’y aura pas d’eau, pas d’hôpitaux ni de boulangeries en état de fonctionner. Sans carburant, il n’y aura pas d’assistance humanitaire », déclare le chef de l’agence des Nations unies chargée des réfugiés.
Biden et Macron affichent des préoccupations « humanitaires » : en vérité, ils sont venus en Israël appuyer Netanyahou. Tout juste Biden lui a-t-il demandé de retarder un peu l’invasion terrestre le temps de négocier le retour des otages et de « se préparer aux attaques contre les intérêts américains dans la région » (The New York Times). Quant à Macron, il a carrément proposé une alliance militaire permettant à la France et aux autres puissances impérialistes de prendre part à la « guerre contre le Hamas ».
Rien d’humanitaire dans ces démarches.
Pendant ce temps… le massacre se poursuit à Gaza.
Celui perpétré le 7 octobre par le Hamas contre des centaines de civils israéliens est assurément condamnable : il doit être condamné, il l’a été dans ces colonnes. Mais en quoi peut-il justifier le massacre qui se poursuit chaque jour et chaque nuit à Gaza ? Plus de 5 000 victimes civiles – pour une large part des enfants –, 150 dans la seule nuit qui a précédé le jour où ces lignes sont écrites… Comment ne pas appeler génocide cette destruction systématique d’une population soumise à un bombardement incessant et qui ne peut ni s’alimenter ni accéder aux soins les plus élémentaires ?
Si le mot « humanitaire » à un sens, cela ne peut être que celui-ci : levée du blocus, arrêt immédiat des bombardements, aucune intervention terrestre à Gaza !
Il est étonnant que ce 23 octobre le discours prononcé au sujet du Moyen-Orient par le député macroniste (MoDem) Jean-Louis Bourlanges ait été applaudi à tout rompre par les députés quasiment unanimes, debout, de La France insoumise, du PS et du PCF jusqu’à la droite. Un discours qui n’évoquait d’aucune manière le sort de la population de Gaza ; un discours qui appelait à « rendre hommage au courage du président Biden » et évoquait la « contre-attaque légitime » d’Israël à Gaza dès lors qu’elle ne viserait que « des objectifs militaires »*.
L’union sacrée autour de tels propos est particulièrement consternante, en particulier de la part des députés de la Nupes. D’autant que le même Bourlanges, s’exprimant le lendemain sur RFI, a précisé que le dialogue pourra reprendre entre Palestiniens et Israéliens « quand la poussière sera retombée, quand la contre-offensive aura été menée ».
Que ce représentant de la réaction envisage froidement comme inéluctable l’intervention terrestre à Gaza, réduite de ce fait en poussière, n’a rien d’étonnant. Méritait-il, la veille, les applaudissements des députés de « gauche » unanimes ?
L’heure est grave. Rien ne peut justifier que se poursuive un jour de plus le massacre de Gaza.
Rien, absolument rien, ne peut justifier que les véritables partisans de la paix ne s’unissent pas pour exiger : arrêt immédiat des bombardements, levée du blocus, non à l’intervention terrestre !