Nos intérêts ?

Une intervention militaire au Niger impliquant la France est en préparation. Son déclenchement pourrait embraser toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà. Étant donné les forces en présence, elle se relierait de fait à la guerre en Ukraine, marquant un pas de plus vers sa mondialisation.

La France étant au premier rang de la confrontation, quelle attitude les travailleurs de notre pays doivent-ils adopter ?

« Le Président de la République ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts », a déclaré l’Élysée. Les intérêts de la France ? La multinationale française Orano (ex-Areva) a la main sur l’exploitation de l’uranium enfoui dans le sous-sol du Niger. Des centaines de multinationales françaises opèrent au Niger, au Mali et au Burkina Faso voisins, parmi lesquelles, outre Orano, il faut mentionner Total, CMA-CGM, Vinci, Veolia.

Ce que Macron appelle les « intérêts de la France », ce sont les intérêts des multinationales. Des multinationales qui surexploitent les richesses du peuple au Niger et dans la région, comme elles surexploitent les travailleurs en France.

Pourquoi voudrait-on que les travailleurs, qui, en France, combattent Macron et les multinationales fassent cause commune avec eux s’agissant du Niger ?

Deux pancartes étaient brandies côte à côte par des manifestants au Niger ces derniers jours : « Nous, peuple souverain du Niger, nous exigeons l’arrêt immédiat de l’exploitation de notre uranium » et « La France doit partir, vive le Niger ! ».

Le peuple du Niger veut ce que veulent les peuples du monde entier : la souveraineté. Il rejette l’arrogance avec laquelle le néocolonialisme français et l’impérialisme américain prétendent disposer des richesses du pays et de gouvernements à leur botte.

« Oui, mais le drapeau russe est brandi par certains manifestants, c’est une menace terrible », nous avertissent des âmes bien pensantes… Poutine ? Il porte les intérêts des oligarques richissimes qui ont bâti leur fortune grâce aux privatisations-pillages. Mais au fait… ceux qui aujourd’hui agitent cette menace ne sont-ils pas les mêmes qui applaudissaient à tout rompre il y a une trentaine d’années lorsque la Russie s’est ouverte au pillage capitaliste ? La politique de privatisation-pillage des richesses des peuples ne profite-t-elle pas tout autant aux oligarques dont Poutine est le représentant qu’aux multinationales dont Macron et Biden servent les intérêts ?

Il y a conflit entre eux, c’est un fait. Mais les travailleurs en France n’ont rien à gagner à défendre le pillage « français » du Niger. Au contraire : tout ce qui affaiblit la domination néocoloniale française et le gouvernement Macron en Afrique renforce le combat des travailleurs exploités en France.

Une telle position n’implique aucune concession, aucune faiblesse vis-à-vis de Poutine et de son régime. Rappelons que, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine, La Tribune des travailleurs fut seule à titrer : « Ni Poutine, ni Macron, ni Biden ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Troupes françaises hors d’Afrique ! Troupes de l’OTAN hors d’Europe ! ». La combinaison de ces mots d’ordre prend toute son actualité aujourd’hui. Le POID est déterminé à combattre pour les faire aboutir.

Editorial – D. Gluckstein