Santé – Lu sur FR3 Bretagne

Appeler son médecin traitant ou le 15 avant d’aller aux urgences, c’est le conseil donné par les autorités sanitaires. Mais en pratique, c’est plus compliqué. Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre aux urgences de l’hôpital Yves le Fol de Saint-Brieuc. Au cœur de l’été, l’établissement doit faire face à de fortes tensions.

Médecins absents, urgences “régulées”… “épuisés” par un fort surcroît d’activité, les assistants de régulation médicale (ARM), premiers à décrocher les appels au Samu (le 15), sont en grève dans 69 des 100 “centres 15” départementaux, réclamant revalorisations salariales et embauches. Cette grève illimitée a débuté le 3 juillet.

“Sur le terrain, c’est compliqué, on a le même temps pour gérer un appelpas toujours de solution à apporter aux appelants. Les agents sont fatigués, épuisés, certains sont clairement à bout”, explique cette ARM des Côtes d’Armor.

Les urgences débordées cet été

À l’hôpital Yves le Fol de Saint-Brieuc, dans les couloirs, on croise des brancards un peu partout avec des patients en souffrance, sans trop d’intimité et un peu perdus au milieu de ces soignants débordés. Une situation que connaît bien le docteur Kerrand, qui exerce depuis sept ans en qualité d’urgentiste. Et cet été la situation est loin de s’améliorer.

C’est particulièrement en surchauffe. Beaucoup des services d’urgence des alentours sont fermés. Et contrairement à ce qu’affirment les agences régionales de santé, il n’y a pas de régulation.

Emmanuelle Kerrand

Médecin urgentiste au centre hospitalier de Saint Brieuc

La régulation du système de santé mise en cause

C’est vrai qu’on parle beaucoup de régulation des urgences mais rarement de fermeture. Dans les faits, les premières victimes sont bien sûr les patients. Certains en pleurs, confient rechercher un médecin depuis quatre mois. Pourtant on leur parle de civisme et d’appeler le 15

C’est d’une grande hypocrisie. On invite les gens à appeler le 15 mais il y a une sur-sollicitacion des centres de régulations. On a beaucoup d’appels sans renforts d’effectifs.

Emmanuelle Kerrand

Médecin urgentiste centre hospitalier de Saint Brieuc

“Forcément, les patients sont réorientés vers les médecins de ville qui sont parfois en vacances ou vers les maisons médicales de garde qui sont également débordées”, ajoute le médecinUne chose est sûre, pour les soignants, la régulation du système de santé voulue par le gouvernement montre ses limites. Aux urgences de Saint-Brieuc, la prise en charge des malades est loin d’être satisfaisante… et les soignants comme les patients ne voient pas pour l’instant la situation s’améliorer.

V. Chopin avec G. Raoult et l’AFP.


par

Étiquettes :