Une autre voie

Il flotte sur ce pays une odeur nauséabonde. Il y a d’abord eu le meurtre du jeune Thomas à Crépol, victime de l’un de ces incidents de plus en plus violents qui émaillent le quotidien d’une société qui se décompose. Puis s’est engagée la campagne d’une certaine presse se délectant de pouvoir étaler les prénoms à consonance étrangère de plusieurs des agresseurs présumés.

Est arrivée ensuite la tentative de ratonnade : quatre-vingts énergumènes plus nazis les uns que les autres se donnant rendez-vous via les réseaux sociaux à Romans-sur-Isère (où la police les attendait) afin d’y organiser leur défilé raciste, menaçant, provocateur. S’ensuivirent des interpellations, puis des condamnations immédiates à de la prison ferme.

Darmanin peut plastronner : il a rétabli l’ordre. Dans la foulée, il annonce la dissolution de trois groupuscules d’extrême droite dont la « Division Martel », référence explicite à celui qui est entré dans l’histoire pour avoir, paraît-il, repoussé les Maures à Poitiers.

Fin du premier acte, mais c’est là que tout commence…

Car qui veut aujourd’hui renvoyer massivement les travailleurs immigrés et leurs familles ? Darmanin lui-même avec sa « loi Immigration ». Comment compte-t-il la faire adopter ? En négociant avec Les Républicains dont le chef Ciotti a refusé de condamner l’opération commando nazi dans les rues de Romans ! Bien sûr, Darmanin n’est pas égal à Ciotti, lequel ne peut être identifié à Le Pen, et encore moins à la « Division Martel ».

Certes. Mais les premiers responsables du climat qui se répand dans le pays sont ceux qui croient électoralement payant de désigner les immigrés comme des boucs émissaires ; et qui estiment économiquement nécessaire de placer une catégorie de travailleurs surexploitables totalement à la merci des patrons. Ceux-là, les Macron, Borne et autres Darmanin, font le lit de l’extrême droite.

Comment comprendre dans ces conditions les pleurnicheries de la « gauche » ? « Jusqu’où ira la droite dite républicaine ? », fait mine de s’indigner Boris Vallaud, du Parti socialiste, tandis que Ian Brossat, du Parti communiste, s’inquiète de voir la droite « refuser de condamner une ratonnade aujourd’hui » et s’interroge : « Et quoi demain ? Y participer ? » Quant à Mélenchon, il s’adresse directement à Ciotti pour lui dire sa déception : « Vient toujours le moment où la singularité républicaine de la France nous fait devoir (…). Déçu de vous voir ailleurs dans les délires ségrégationnistes. »

Déçu par Ciotti ?! Il est temps, plus que temps de rompre avec la funeste stratégie du « front républicain » qui prétend sauver la démocratie en compagnie des Ciotti, Macron, Darmanin ou Borne.

Une autre voie s’impose : forger l’unité de combat des travailleurs et des militants de toutes tendances pour imposer le front commun des organisations ouvrières sur le terrain de classe. Une autre voie : celle de l’action unie des travailleurs et des jeunes qui arrachera les revendications, organisera la défense commune contre les attaques de l’extrême droite et ouvrira la marche à un gouvernement d’unité des travailleurs et de la démocratie.