Interview d’un marin pêcheur et d’un agriculteur
INTERVIEW D’UN MARIN PÊCHEUR
La Tribune : Bonjour pourquoi vous êtes là, quelles sont vos revendications ?
Florian marin pêcheur : Nous sommes venus ici pour soutenir les agriculteurs qui font face à des taxes de plus en plus importantes, afin que leur mouvement soit plus gros. Ce qu’on demande c’est la réouverture du golfe de Gascogne, fermé par rapport aux cétacés. Pourtant nous avons équipé nos bateaux de caméra pour qu’ils puissent aller en mer mais nous n’avons pas le droit de les sortir malgré les promesses qui nous ont été faites, alors que c’est notre meilleur mois. Notre but c’est de travailler : on ne veut pas quémander des aides auprès l’état. De toute façon c’est nous et les agriculteurs qui maintenons la population en vie; si on gagne, tous seront gagnants, sinon on en sera réduits aux importations. La Bretagne est une terre d’agriculture et de pêche, c’est une peu notre activité depuis toujours.
INTERVIEW D’UN AGRICULTEUR
La Tribune : Bonjour vous êtes agriculteur ?
L’agriculteur : En fait on a une ferme pédagogique à côté de Rennes où on reçoit des écoles et des IME, ce qui nous assure un revenu et nous permet de nous installer sereinement. Car maintenant s’installer directement en tant que paysan que ce soit en bio ou en conventionnel ça ne paye pas. Les lois sont faites pour les grands groupes. Ce qu’il faudrait c’est que les Carrefour et les Leclerc se mettent au SMIC comme tout le monde — pas les ouvriers, eux il faudrait qu’on les augmente aussi. Le très très gros patronat, pas l’agriculteur ou l’artisan, doit raquer parce qu’il nous impose le monde de merde dans lequel on vit. Nous on vit en caravane parce que dès qu’on se met à travailler on est précaire, alors il faut filouter, faire autre chose. En ce moment le mouvement est récupéré par d’extrême-droite qui impose le modèle de société dans lequel on vit aujourd’hui. Mais les agriculteurs ont la tête dans le sac alors ils ne voient pas. De toute façon la télé est tenue par les grandes firmes aujourd’hui. Moi je suis gosse d’agriculteurs.
La tribune : Donc, pour pouvoir être agriculteur vous avez dû faire une ferme pédagogique ?
L’agriculteur : Oui, parce que dès que tu achètes un bout de terrain tu dois payer des dettes pendant 20 ans, 40 ans. Donc tu es obligé de te dépatouiller avec le système, pour ne pas être esclave des banques, et toujours engraisser les plus gros. En fait ce qu’on devrait faire c’est, comme disaient les gilets jaunes, proposer des lois et qu’on les vote. Comme ça on donnerait plus de pouvoir aux gens; de toute façon ils ne sont pas bêtes ils sauront quoi faire, c’est leur vie qui est en jeu. Ce qu’il faudrait c’est donner plus de pouvoir aux gens, il ne faut pas qu’on ait peur de ça. Parce qu’il y en a marre, il faut que ça change. En ce moment les syndicats sont en train de négocier pour nous.
La Tribune : Quels syndicats ?
L’agriculteur : La FNSEA et peut-être bien la Confédération. Mais on sait comment tout ça va finir: on donnera des carottes à tout le monde et chacun retournera dans sa merde. Et au final on ne se parle pas, on ne s’organise pas entre nous, ça c’est un vrai problème. Ces syndicats qui négocient ne sont pas fiables. Il faudrait donc s’en passer et se réunir afin de s’organiser entre agriculteurs et aussi avec les marins pêcheurs.
La Tribune :Que pensez-vous des AMAP et d’autres organisations qui favorisent les circuits courts, ce ne serait pas une solution ?
L’agriculteur : Ces structures bénéficient seulement à une partie de la population plutôt prospère. Or, le but serait d’en faire profiter aussi les prolétaires.