Ecole – Lu dans Ouest -France

Le POID précise qu’à la différence de la mairie de Rennes, il se prononce pour l’abrogation de toutes les lois anti-laïques promulguées par la Vème république et contre tout financement des écoles privées par l’Etat.

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Mixité sociale à l’école : en Bretagne, « l’enseignement catholique n’a pas à rougir »

L’école privée est-elle « mauvaise élève » en termes de mixité et d’inclusivité scolaire ? C’est ce que laissent entendre certains élus. Pour Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine, l’école privée « prend toute sa part au service public d’éducation ».

La rentrée des classes, en septembre 2022, à l’école Sainte-Jeanne d’Arc de Rennes.
La rentrée des classes, en septembre 2022, à l’école Sainte-Jeanne d’Arc de Rennes. | OUEST-FRANCE

Le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a évoqué, mercredi 22 février 2023, différents leviers d’action pour favoriser la mixité scolaire et sociale à l’école, espérant notamment que l’enseignement privé sous contrat « augmente sa proportion d’élèves boursiers ». Le protocole signé entre le ministère de l’Éducation nationale ne convainc pas certains élus. C’est le cas à Rennes de Gaëlle Rougier, élue écologiste et maire-adjointe à l’Éducation, qui ne cache pas son « irritation » et demande plus d’engagements de la part de l’école catholique (lire Ouest-France du vendredi 26 mai 2023). Une position qui surprend Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine.

Entretien

Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine.

La maire adjointe à l’éducation de Rennes, Gaëlle Rougier, se dit « irritée » par le protocole signé entre l’Éducation nationale et l’enseignement catholique qu’elle estime « sans contrepartie » en termes de mixité scolaire. Que répondez-vous ?

Je ne cache pas une certaine incompréhension. En Bretagne et en Ille-et-Vilaine, en l’occurrence, nous n’avons sûrement pas à rougir de la manière dont l’accueil de tous les élèves se fait. Nous sommes un enseignement catholique de très forte mixité sociale et nous accueillons, en Ille-et-Vilaine, 42 % environ de la population bretillienne.

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Si les IPS (Indices de position sociale) des établissements de l’enseignement privé sont légèrement supérieurs à ceux du public, les moyennes restent sensiblement les mêmes sur un grand nombre de secteurs, notamment les secteurs ruraux. Dire que l’inclusivité pèse exclusivement sur l’école publique n’est pas vrai. J’attire l’attention sur le fait qu’un IPS bas n’est pas forcément synonyme de mixité. La mixité sociale est une chose mais elle doit aller de pair avec la mixité scolaire, pour accueillir tous les jeunes.

Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine. | OUEST-FRANCE

L’école inclusive est pour nous une priorité qui se concrétise, par exemple, par l’installation en écoles, collèges et lycées, de dispositifs spécifiques, tels que des Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) pour des jeunes en situation de handicap. Nous travaillons également en lien direct avec les établissements médico-sociaux pour installer au sein de nos établissements des unités d’enseignement externalisées qui se développent de plus en plus et montrent que l’enseignement catholique est partie prenante dans ces projets.

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Fermetures de classes, enseignants non remplacés : l’école publique est-elle menacée ?

Le protocole signé au niveau national n’est pas « sans contrepartie » : c’est une véritable prise de conscience que, pour favoriser la mixité sociale et scolaire, les collectivités territoriales, l’État et l’enseignement catholique ont des actions à mener et des engagements à prendre. Ce n’est qu’ensemble que nous arriverons à améliorer encore la situation qui, je le rappelle, en Bretagne et en Ille-et-Vilaine, est plutôt satisfaisante en termes de mixité sociale. Par ailleurs, il existe déjà de nombreuses instances de concertation entre le privé, l’État et les collectivités territoriales. Les relations sont bonnes et les échanges nourris. C’est le cas avec la Ville de Rennes. Nous sommes un véritable partenaire !

« L’école catholique est pleinement associée au service public d’éducation »

La maire adjointe de Rennes estime que les exigences envers l’enseignement privé devraient être plus grandes, car l’enseignement privé est « financé à 70 % par de l’argent public »…

De par la loi, l’enseignement catholique n’entre pas dans le principe de la carte scolaire et c’est le chef d’établissement, en effet, qui est responsable des élèves qu’il accueille. En Ille-et-Vilaine, avec le taux important d’élèves scolarisés, nous sommes pleinement associés au service public d’éducation.

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À Rennes, 17 des 58 écoles élémentaires relèvent de l’enseignement privé catholique. | ARCHIVES OUEST-FRANCE/ILLUSTRATION

Il est important de rappeler que ces financements publics ne correspondent pas à des subventions comme pour des associations. La loi impose, de par notre association au service public d’éducation, le financement de l’enseignement par l’État et les collectivités territoriales. Je reste convaincu que la présence en Ille-et-Vilaine des deux réseaux d’enseignement, public et privé, reste une force, avec une possibilité pour les familles de faire un choix, comme la loi le propose.

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À Rennes, quelle est la place de l’enseignement catholique ? Les écoles sont-elles seulement dans les « beaux quartiers » ?

À Rennes, l’enseignement catholique est très présent. Nous comptons 17 écoles qui sont toutes des écoles maternelles et élémentaires et nous scolarisons à Rennes intra-muros 25 % des élèves. Au niveau départemental, en premier degré, c’est environ 35 % des élèves.

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Le pourcentage est donc bien moindre au niveau de Rennes intra-muros, car l’enseignement catholique, contrairement à l’enseignement public, n’a pas eu la possibilité de se développer dans un certain nombre de nouveaux quartiers où, il est vrai, la mixité sociale est aujourd’hui plus forte. Il n’y a par exemple pas d’école catholique à La Courrouze, à la Plaine de Baud ou à Beauregard. Cela relève aussi d’autorisations académiques. Nous sommes donc un peu prisonniers de notre implantation historique. Mais non, nos écoles ne sont pas seulement dans les quartiers les plus favorisés. Nous sommes aussi à Villejean (école Saint-Jean-Bosco), au Blosne (Saint-Armel) et à Maurepas (Saint-Laurent).

La Bretagne compte environ 40 % de ses élèves, soit un peu plus de 230 000, dans le privé, tout niveau confondu. | ARCHIVES OUEST-FRANCE/ILLUSTRATION

Des critères sociaux ou de revenus sont-ils appliqués pour les frais de scolarité, pour la restauration ?

Dans les écoles rennaises, les coûts de scolarité restent très raisonnables. Il s’agit d’une contribution que payent les familles pour ce qui concerne les investissements immobiliers (le bâti) et le caractère propre (la pastorale catholique). Sur l’ensemble de notre département, et notamment à Rennes, de plus en plus d’établissements, et donc d’écoles, pratiquent la contribution différenciée : elle est directement liée au quotient familial des familles. Il est en effet proposé aux familles, selon leur quotient familial, d’opter pour une contribution basse, moyenne ou haute. Ces modalités sont en effet de nature à favoriser la mixité sociale et donc scolaire.

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Il est à noter, et nous remercions très sincèrement la mairie de Rennes pour cela, qu’une aide aux familles est apportée via l’association Les Fourneaux économiques, sous la forme d’une subvention à caractère social aux familles pour la restauration. Nous sommes convaincus que ce dispositif, que nous travaillons depuis plusieurs années avec la Ville de Rennes, est de nature à favoriser la mixité sociale dans nos établissements.


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