L’étudiante vit dans un camping-car sur le parking de la fac de Rennes – Lu dans Ouest-France

Notre commentaire : Cette dégradation des conditions d’étude, liée à l’étranglement financier des CROUS, et à la politique du logement étudiant, tant de la Ville de Rennes que du gouvernement est d’autant plus insupportable que les profits des multinationales du CAC 40 ont battu cet été des records ; que la loi de programmation militaire a été dotée d’un budget de 413 milliards d’euros; que des milliard sont versés aux banques pour une dette qui n’est pas celle des étudiants ni de leur famille.
L’article de Ouest-France figure ci-dessous :

Un mois après la rentrée, Léna Dublé, étudiante à l’université Rennes 2, vit toujours dans le camping-car de ses parents, sur le parking du campus, faute de logement. À Rennes, la pression sur les résidences étudiantes est l’une des plus forte de France.

Léna Dublé, étudiante en AES a dû se résoudre à habiter avec son conjoint dans le camping-car de ses parents sur le parking du campus, faute de trouver un logement près de la fac.
Léna Dublé, étudiante en AES a dû se résoudre à habiter avec son conjoint dans le camping-car de ses parents sur le parking du campus, faute de trouver un logement près de la fac.

 On branche nos téléphones sur la batterie du camping-car et quand il n’y a plus de batterie, on refait un tour en camion ! Léna Dublé, étudiante en licence 3 AES (1) avait rêvé mieux comme logement. Mais depuis la rentrée, elle vit avec son conjoint dans le camping-car de ses parents, garé sur le campus de la Harpe, à l’université Rennes 2.

La rentrée se profilait pourtant sous les meilleurs auspices. Léna, qui étudiait jusque-là à l’antenne de Saint-Brieuc, était acceptée en L3 à Rennes, où elle décroche un petit contrat comme serveuse en boulangerie. Son compagnon, mécanicien poids lourds en CDI avait obtenu sa mutation près de Rennes.  Nous n’avons fait qu’une seule visite de logement depuis le mois de mai ! Nous avons pourtant nos quatre parents, professeurs des écoles et commerçants, comme garants. Mais visiblement, les propriétaires craignent de louer à un couple, de peur qu’il se sépare. On avait visité un appartement de 20 m2 intéressant à 450 €, mais le propriétaire demandait 2 000 € de salaire chacun minimum ! 

« Un logement de plus de 15 m2, on prend »

Dans le camping-car, il fait trop chaud quand le soleil donne et trop froid quand les températures baissent. Léna et son copain prennent leur douche à la salle de sport et vont aux toilettes à l’université ou au travail. Pour économiser l’eau, la vaisselle n’est faite qu’une fois par semaine.  Heureusement, on mange à l’extérieur le midi. 

Léna tente de conjuguer les études et la vie en camping-car. L’étudiante est également active au syndicat étudiant Union pirate. | OUEST-FRANCE

Le jeune couple, qui a déjà répondu à une centaine de d’offres de locations, a révisé ses critères à la baisse.  Avec un budget de 500-600 €, si on trouve un logement de plus de 15 m2, avec de l’électricité, on prend. Je connais un autre étudiant, en master, qui fait la route tous les jours. 

L’ordinateur sur les genoux, au camping des Gayeulles

D’autres étudiants, comme Mona, 29 ans (prénom d’emprunt), se sont installés au camping des Gayeulles. Assise par terre, entre ses deux tentes igloo, l’ordinateur sur les genoux, elle tente de se concentrer.  J’ai su au dernier moment qu’une place se libérait dans la formation pour adulte de travailleuse sociale, que je viens d’entamer. Dans ma promo, nous sommes trois à être passés par le camping. Je me suis mis des alertes pour repérer les annonces de logements à 450 € maximum. Il y en a très peu. J’ai fini par trouver une colocation dans le quartier de la Poterie. J’aurais préféré un logement individuel et ma formation est située de l’autre côté de Rennes, mais je n’ai pas le choix. 

 Depuis le début de l’année, la permanence de notre syndicat étudiant, l’Union pirate, a été contactée par au moins une trentaine d’étudiants sans solution de logement, rapporte Nathan Guillemot, vice-président étudiant de l’Université Rennes 2. C’est plus que les années précédentes. Au point que l’université se retrouve à payer des nuits d’hôtel à des étudiants avec les fonds normalement dédiés à la vie étudiante. Au syndicat, on se tourne vers le Crous bien sûr, mais aussi vers les associations d’étudiants étrangers pour loger leurs compatriotes. Ou encore vers les écoles d’ingénieur qui ont parfois des chambres qui se libèrent. 

Le Crous reçoit environ cinq demandes pour un logement en cité étudiante et estime qu’il faudrait 1 500 places supplémentaires pour répondre à la demande. Comment en est-on arrivé à une telle pénurie de logements dans une ville qui compte 75 000 étudiants ?  Rennes est une ville où la population étudiante continue de croître, note Nathan Guillemot. Le parc de locations privé étant saturé, les étudiants quittent moins facilement les résidences du Crous où peu de places se libèrent. C’est un cercle vicieux. 

(1) Administration économique et sociale


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