Les agents d’EDF en Bretagne ont répondu massivement présents le jeudi 19 septembre à la journée nationale de grève appelée par les syndicats CGT, CFDT, FO et CFE-CGC pour dire leur refus du projet de démolition et de privatisation d’EDF, baptisé projet « Hercule » : ils étaient près de 400, venus de toute la région à participer à l’Assemblée générale organisée sur le site d’Enedis à Rennes. Du jamais vu depuis plusieurs années.
Dans la lignée des précédents plans de démantèlement de l’entreprise publique, le projet Hercule vise à la scinder en deux entités : d’un côté EDF Bleu qui regrouperait les productions nucléaire, hydraulique et thermique ainsi que le transport de l’électricité (RTE), qui serait « renationalisée », de l’autre EDF Vert, regroupant toutes les autres entités du groupe, notamment la distribution (Enedis), les services, les énergies renouvelables…, dont le capital serait ouvert à hauteur de 35% au départ à des investisseurs privés.
Pour tous les agents en grève, parfois à 80, voire 90% dans certains services, ce projet vise à court terme à faire rentrer du cash via les capitaux privés sans régler pour autant le problème d’endettement du groupe. Son seul objectif est de faire voler en éclat ce qui reste du monopole de la distribution de l’électricité, et avancer à marche forcée vers la privatisation totale.
«Ce que veulent les agents, c’est au contraire le retour à une entité 100% publique de l’électricité et du gaz », expliquent Nathan, Vincent et Didier, venus de Brest. Ce sont les citoyens français qui ont contribué à l’existence de ce service public, ce n’est pas aux intérêts privés d’en profiter aujourd’hui », disent-ils.
Pour beaucoup, la marche à la privatisation signifie de nouvelles hausses des factures pour les usagers, et pour les salariés une pression accrue pour augmenter les bénéfices des actionnaires, la poursuite des restructurations et des baisses d’emploi déjà vécues ces dernières années. Mais elle signifie aussi la mort annoncée de leur statut, qui va devenir « une coquille vide », selon Christophe, délégué CGT.
« Ce que nous vivons aujourd’hui c’est ce qui s’est passé à France-Telecom, c’est ce qui se passe à la Poste, à la SNCF, aux Finances publiques… Alors soit on se bat, soit on crève, ajoute-t-il.
«En faisant grève aujourd’hui, c’est notre statut que nous défendons », assure Nathan. Pour lui, c’est clair, « il faudrait unifier les forces pour faire reculer le gouvernement et empêcher la réforme des retraites » qui signifie elle aussi la mort du statut.
« Aujourd’hui toutes les organisations syndicales sont unies dans la grève. Elle est massive », se félicite Vincent, délégué FO. Pour que cesse la privatisation des services publics, pour défendre les statuts et les régimes particuliers, il faut que tout le monde y soit », déclare-t-il en en appelant à la « responsabilité des confédérations syndicales ».
Malgré l’aspiration évidente au tous ensemble, l’AG s’est pourtant terminée sans débat sur les modalités d’action à venir. Les responsables à la tribune se contentant de proposer une « décoration du site » à l’aide d’affiches et une coupure de l’alimentation électrique du secteur, avant qu’une délégation se rende à la Préfecture.
Correspondant TT