L’usine Faurecia/Forvia fabrique les sièges de voiture, en particulier pour Stellantis. Elle est maintenant implantée sur le site de La Janais ou elle est locataire de Stellantis.
André nous fait le point sur la situation dans l’usine, nous lui laissons la parole :
« Il y a un gros mécontentement, tout le monde gueule mais pour l’instant ça ne va pas plus loin. Ce qui est en cause c’est la charge de travail. La direction ne parle que d’excellence et de qualité, elle multiplie les tests et les questionnaires et à côté de ça on manque de personnel, les intérimaires ne restent pas pas, certains postes de travail sont durs pour ce qu’on est payés. Il y a donc un absentéisme important et souvent les absents ne sont pas remplacés.
Quand il y a un remplacement, le temps de formation de l’intérimaire est réduit à deux semaines, alors que normalement il faut trois semaines. Ce qui engendrent des accidents du travail qui ne sont pas déclarés comme tels et le plus souvent l’intérimaire a une fin de mission. En attendant les titulaires doivent tourner sur les postes les plus durs.
On se sent un peu piégés par le système mis en place par Stellantis. On doit produire avec 1h15 d’avance sur leur chaîne et quand ils sont à l’arrêt parce qu’ils manquent de pièces, on est à l’arrêt aussi et avec perte de salaire. En ce moment ils produisent plus de véhicules par jour et donc on doit suivre.
Il y a 10 jours on a dû travailler 23 minutes en plus, la direction nous a payé une heure et le syndicat (CFTC) a présenté ça comme une victoire, c’est un peu se moquer de nous. D’ici la fin de l’année on va avoir deux semaines à l’arrêt et sans doute une semaine en janvier et une en février qu’il faudra rattraper plus tard, au choix du patron bien sur ! Et en plus c’est Pôle Emploi qui nous paie en chomage partiel alors que c’est un choix d’organisation de Stellantis ! Les plus petites entreprises ne beneficient pas forcément de ces aides.
Les élections professionnelles viennent de se tenir et elles ont permis aux salariés d’exprimer leur ras le bol. Si les résultats sont stables dans les bureaux, à la production la CGT très minoritaire auparavant devient majoritaire (5 élus sur 8 à la production).
Il y a toujours un peu d’inquiétude pour l’avenir. L’usine Faurecia de Bains sur Oust doit fermer. Et en 2025 l’usine de La Janais n’aura que les sièges avant sur le nouveau modèle Stellantis, les banquettes arrières viendront des pays de l’est, ça en fait des camions sur la route. Déjà qu’aujourd’hui les armatures viennent de Pologne.
Pour les cuirs c’est encore pire. Les peaux sont achetées en Argentine ou en Uruguay, elles sont tannées au Portugal et cousues au Maroc. C’est le moindre coût qui les intéressent, l’environnement ils s’en foutent.
Sur les salaires on s’est fait avoir, l’augmentation a été de 5% mais ils ont répartie une partie de la prime qu’on avait en juillet sur les 12 mois, ça fait une plus grosse fiche de paie mais c’est en fait 3% d’augmentation et 2% qui viennent de la prime. D’ailleurs quand le directeur a fait une réunion sur les résultats de l’entreprise, sur ma ligne on est une trentaine et il n’y a que 3 ouvriers, dont 2 intérimaires, qui y ont été. Çà veut tout dire.
Il y a aussi les nouvelles classifications qui arrivent en 2024. La CFTC nous a dit que ça allait bien se passer que les salaires ne baisseraient pas. Depuis on a eu le tract de la CGT, j’ai lu aussi le tract du POID que tu m’as donné , c’est un autre son de cloche.
Avec le résultat des élections on va voir si ça change, on sait que c’est dur avec la pression permanente de Stellantis. Si on bloque la production, ils peuvent changer de sous-traitant.