“Favoriser au mieux la progression et l’épanouissement de chaque jeune en situation de handicap.”

Interview de Karine Ménoret, psychomotricienne dans un IME à Montfort-sur-Meu, paru dans la Tribune des Travailleurs n°413 du 31 Octobre 2023.

L’ONU, dans un rapport de 2019, décrit les institutions médicosociales comme des lieux d’exclusion et de discrimination. Qu’en penses-tu ?
Offrir des institutions où l’accompagnement est adapté au  plus près des besoins des jeunes en situation de handicap est aucontraire la base de la bienveillance! Les IME permettent de les accueillir avec des projets personnalisés en lien avec leurs difficultés, leurs capacités, leur rythme propre.
L’école « ordinaire », telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, n’a pas les moyens d’inclure tout le monde. Les IME disposent de nombreux professionnels (enseignants, personnels éducatifs et thérapeutiques) qui prennent le temps de réfléchir aux conditions qui vont favoriser au mieux la progression et l’épanouissement de chaque jeune en situation de handicap. On se questionne sur les médiations, les activités, les espaces, les conditions environnementales, etc., ce qui paraît le plus judicieux pour que chaque enfant puisse s’inscrire et s’investir, avec ses particularités, ses possibles et ses freins. Et réajuster le projet autant que nécessaire. Et si l’inclusion dans les écoles, sur des espace-temps réfléchis a du sens pour le jeune, cela fait aussi partie de l’accompagnement possible.


Tu es partie prenante du comité 35 « Une place pour chaque enfant ». Quels sont vos objectifs ?

Trop d’enfants sont aujourd’hui déscolarisés car l’école ne peut plus les accueillir et que les IME n’ont pas suffisamment de places.
Ce n’est pas acceptable. Les parents décrivent trop souvent un parcours du « combattant ». Monter un dossier qui ouvre des droits à une place en IME est déjà une étape laborieuse, parfois douloureuse. Et là, pour que leur enfant soit enfin à « sa » place, il faut attendre, trouver des bouts de solutions, ne pas baisser les bras…
Plutôt que de créer les places nécessaires, le gouvernement organise leur diminution. Nous irons à l’agence régionale de santé pour demander la création des places nécessaires.