Files d’attentes interminables aux restos U de Rennes! – Vu sur FR3B

Notre commentaire : Cette dégradation des conditions d’étude, liée à l’étranglement financier des CROUS, est d’autant plus insupportable que les profits des multinationales du CAC 40 viennent de battre des records cet été et que la loi de programmation militaire a été dotée d’un budget de 413 milliards d’euros.

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Crise du logement étudiant : “On a 4 demandes pour 1 logement universitaire en Bretagne” – Vu sur FR3 Bretagne

Notre commentaire : Cette pénurie est d’autant plus insupportable que le gouvernement distribue des milliards : Pour la loi de programmation militaire, 413 milliards, et d’autres milliards versés aux banques pour le remboursement de “la dette”, qui n’est ni la dette des étudiants ni celle de leurs parents.

L’article de FR3 figure ci-dessous.

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La rentrée universitaire toujours plus chère – Lu dans Ouest-France

Nos commentaires : L’article nous décrit l’augmentation considérable des frais universitaires, non pris en charge par une aide de l’état, alors que l’argent ne manque pas pour financer la loi de programmation militaire (413 milliards) ni pour déverser des milliards d’aides aux capitalistes au nom de la “transition énergétique”.  Pourtant, la formation de la jeunesse, c’est la richesse de demain.
L’article figure ci-dessous Continuer la lecture

Jeunesse – Lu sur Ouest-France

Doctorante, elle donnait des cours à la fac en étant au RSA

Faire une thèse en autofinancement relève du parcours du combattant. À 33 ans, Clémence Moullé Prévost sort de sept ans et demi de doctorat en histoire de l’art et archéologie à l’Université de Rennes 2. Elle raconte la précarité, le stress, l’angoisse, avec en toile de fond, les dysfonctionnements d’une université exsangue.

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Ecole – Lu dans Ouest-France

Colère contre la carte scolaire des collèges, à Rennes : « La concertation va se poursuivre »

À partir de la rentrée 2024, une nouvelle carte scolaire va se mettre en place dans collèges publics, à Rennes. Face aux interrogations des parents d’élèves, le Département promet de continuer la concertation après l’été.

À partir de la rentrée 2024, la carte scolaire va être modifiée dans les collèges publics de Rennes et de la métropole.
À partir de la rentrée 2024, la carte scolaire va être modifiée dans les collèges publics de Rennes et de la métropole. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

La carte scolaire des collèges rennais et de la métropole rennaise va changer à partir de la rentrée 2024. Objectif, comme le rappelle le département d’Ille-et-Vilaine, « créer les conditions de réussite de tous les élèves en assurant l’équilibre des effectifs, tout en favorisant la mixité sociale au sein des établissements ».

Malgré une consultation des parents d’élèves organisée en juin, avec plusieurs ateliers, des familles ont fait part de leurs inquiétudes. Jeanne Larue, la vice-présidente déléguée à l’éducation, veut les rassurer.

Jeanne Larue, la vice-présidente du conseil départemental déléguée à l’éducation. | FRANCK HAMON

Pablo-Picasso, Albert-de-Mun, Villeneuve… Dans plusieurs écoles rennaises, les parents d’élèves s’inquiètent au sujet de la future carte scolaire. Vous vous attendiez à ces réactions ?

Je suis allée rencontrer des parents d’élèves. Quand les écoles m’invitent, je viens. Ce qui ressort de ces réunions, ce sont d’abord les contraintes individuelles que chacun exprime, c’est normal. Mais au-delà, ce que je retiens surtout, c’est l’énorme angoisse parentale autour de l’avenir des enfants. Dès l’école, on se projette déjà sur quel master fera son fils à l’université…

Des familles auraient aimé être davantage consultées, que leur répondez-vous ?

En juin, dès l’annonce de la réforme de la carte scolaire, nous avons organisé une consultation avec plusieurs ateliers. Ces échanges ont été d’une qualité exceptionnelle, des parents ont proposé des solutions auxquelles on n’avait pas pensé. Au départ, nous avions prévu de faire cette concertation avec des représentants de parents d’élèves. Le retour que nous avons, c’est qu’il faut l’élargir à un plus grand nombre de parents. Nous l’avons pris en compte.

La consultation va-t-elle se poursuivre ?

Oui, on va retourner sur le terrain dès la rentrée, et on aura épuré des scénarios de carte scolaire pour tenir compte des remarques. En septembre, on tiendra une grande réunion avec les parents. En fin d’année, on expliquera les raisons de nos choix.

Quel va être le calendrier dans les prochains mois ?

Les choix seront faits à la fin de l’année. La nouvelle carte scolaire entrera en application à partir de la rentrée 2024. Pas d’un seul coup, mais par étapes. Par exemple, pour le collège de Cleunay, nous attendrons la fin des travaux de rénovation. Notre souhait, c’est de ne pas imposer de manière technocratique, verticale. Nous voulons que cette réforme soit partagée.

Comment éviter que les fratries soient séparées ?

Certains parents se focalisent sur les projets de montée alternée. Pourtant, les avis sont partagés. D’autres souhaitent que le collège des Ormeaux s’ouvre à une autre population. Un scénario prévoit d’ailleurs d’y accueillir des enfants de l’école Clémenceau, venus de Bréquigny. Des parents ont également réfléchi à une autre proposition : une montée alternée, mais sur deux années (la 6e et la 5e dans un collège, la 4e et la 3e dans un autre).

Quel accompagnement financier pour les familles ?

Si on déplace des enfants plus loin, on est conscient qu’il y aura des frais de demi-pension, de transports. Jean-Luc Chenut, le président du conseil départemental, est très attentif à ces questions. Le Département, avec Rennes métropole, veillera à mettre en place des aides pour absorber les coûts supplémentaires pour les familles.

Certains parents mettent en doute l’efficacité de la réforme pour la mixité sociale ?

C’est comme un abcès qu’il faut crever, il faut éviter à l’avenir que l’urbanisme ne marque au fer rouge certains enfants. À Villejean, par exemple, on a soif d’égalité, on ne veut pas que la destinée des enfants soit fixée dès le début et pour toujours par leurs origines sociales. Il faut une réponse éducative d’égalité, c’est l’objectif de cette nouvelle carte scolaire.

Ecole – Lu dans Ouest-France

« Les fratries seront séparées » : À Rennes, la colère monte contre la carte scolaire des collèges

La nouvelle carte scolaire qui entrera en vigueur à partir de 2024, dans les collèges publics rennais, suscite l’opposition de parents d’élèves. Après Pablo-Picasso, c’est au tour de l’école Albert-de-Mun de se mobiliser. Mercredi 5 juillet 2023 soir, les familles ont rencontré Jeanne Larue, la vice-présidente du conseil départemental en charge de l’éducation.

Les parents d’élèves de l’école Albert-de-Mun se sont réunis, mercredi soir, pour rencontrer, à leur demande, l’élue du Département en charge de l’éducation.
Les parents d’élèves de l’école Albert-de-Mun se sont réunis, mercredi soir, pour rencontrer, à leur demande, l’élue du Département en charge de l’éducation. | OUEST-FRANCE

Le département d’Ille-et-Vilaine veut mettre en place une nouvelle carte scolaire dans les collèges publics, afin de favoriser la mixité sociale.

La mesure entrera en vigueur progressivement, à partir de la rentrée 2024. Mais dès à présent, des parents d’élèves expriment leurs réserves.

« Profond désaccord » avec la réforme

La semaine dernière, les parents de l’école Pablo-Picasso avaient fait part de leur opposition, souhaitant que leurs enfants continuent d’aller au collège du Landry tout proche.

Mercredi 5 juillet soir, nouvelle mobilisation, cette fois dans le quartier sud-gare, où les familles de l’école Albert-de-Mun se sont réunies pour rencontrer Jeanne Larue, la vice-présidente du conseil départemental en charge de l’éducation.

Avant la réunion, les parents d’élèves ont exprimé leur « profond désaccord » avec ces nouvelles mesures. Les élèves n’iraient plus forcément au collège des Ormeaux, ils seraient orientés dès la 6e vers La Binquenais. « En augmentant la distance entre les collèges et les domiciles, nous risquons de rendre les trajets plus longs et plus dangereux », alertent les parents.

« Frères et sœurs seront séparés »

Ils s’inquiètent aussi pour les fratries. « Comment gérer cette réalité où les frères et les sœurs ne pourront plus se rendre ensemble au collège ? » Et pour les enfants qui ont noué des liens avec leurs camarades dès l’école. « Ils vont être répartis dans des établissements différents. Or, les relations sociales sont une partie essentielle de l’enfance. »

L’aspect financier est également important à leurs yeux. « Y aura-t-il des aides ou des transports scolaires mis en place par le Département ? » Dans ce quartier sud-gare, les habitants sont plutôt favorisés, mais ils ne veulent pas être caricaturés comme des privilégiés. « Les impôts que nous payons doivent contribuer à une meilleure qualité de vie pour nos familles. »

Quelle efficacité pour la mixité sociale ?

Plus généralement, les parents d’élèves de l’école Albert-de-Mun s’interrogent pour savoir si une telle réforme va réellement favoriser la mixité sociale. « On nous présente des statistiques, des chiffres. Y a-t-il des études fiables, des preuves tangibles que ces mesures produiront les résultats escomptés ? »

Selon eux, il serait plus judicieux d’allouer ces ressources « au fonctionnement des collèges existants, qui souffrent déjà d’un manque criant de moyens ». À l’issue de la rencontre, les parents espèrent être entendus. Le Département rendra sa décision en fin d’année.

Ecole – Lu dans Ouest-France

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Dans les collèges rennais, une nouvelle carte scolaire pour favoriser la mixité sociale

Le département d’Ille-et-Vilaine va consulter les parents des futurs collégiens pour engager une refonte de la carte scolaire, à partir de la rentrée 2024. Avec davantage de mixité sociale, il espère renforcer l’égalité des chances et de la réussite de tous les élèves.

À partir de la rentrée 2024, la nouvelle carte scolaire va concerner les collèges publics de Rennes et de la première couronne.
À partir de la rentrée 2024, la nouvelle carte scolaire va concerner les collèges publics de Rennes et de la première couronne. | ARCHIVES OUEST FRANCE

La mixité sociale à l’école fait beaucoup parler en ce moment. Gaëlle Rougier, adjointe à l’éducation à la ville de Rennes, souhaite que l’enseignement privé s’investisse davantage, car « il attire plutôt des publics favorisés ». De son côté, Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine, considère que l’école privée « n’a pas à rougir, elle prend toute sa part au service public d’éducation ».

Les écarts de réussite

Le conseil départemental, pour sa part, réfléchit à une profonde refonte de la carte scolaire des collèges publics rennais à partir de la rentrée 2024. Toujours pour favoriser la mixité sociale. « Toutes les études le montrent, c’est en France que les écarts de réussite se creusent le plus à l’issue de l’école », constate Jean-Luc Chenut, le président du Département.

Jeanne Larue, vice-présidente du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine en charge de l’éducation, avec Jean-Luc Chenut, président. | OUEST-FRANCE

« Le statu quo n’est pas une solution. La volonté politique seule ne suffira pas, mais sans volonté politique, on ne bougera pas. » Un constat partagé par Jeanne Larue, vice-présidente en charge de l’éducation. « En fonction des quartiers, les inégalités scolaires ne font qu’aggraver les inégalités sociales. »

Une réunion avec les parents

Le conseil départemental va donc faire évoluer les périmètres de recrutement des collèges publics. Depuis un an, il a engagé une vaste réflexion en lien étroit avec les services de l’Éducation nationale et les communes concernées (la Ville de Rennes et sa première couronne). Les parents d’élèves sont également associés (ceux dont les enfants sont scolarisés du CP au CM1 dans les écoles de Rennes, Chantepie, Saint-Grégoire, Thorigné-Fouillard et Vezin-le-Coquet).

La concertation va débuter dès ce mois-ci. Lundi 5 juin, une rencontre avec l’ensemble des parents volontaires aura lieu aux Archives départementales, dans le quartier de Beauregard, afin de réaliser un diagnostic. Entre le 12 et le 20 juin, des ateliers vont se tenir dans quatre secteurs, pour s’exprimer sur les différents scénarios. En fin d’année, le Département tranchera sur la nouvelle carte scolaire.

Lire aussi : ENQUÊTE. À Rennes, la mixité scolaire en panne dans les écoles, collèges et lycées

Plusieurs scénarios possibles

À quels changements faut-il s’attendre ? On le saura en fin d’année, puisque la carte scolaire des collèges publics va changer progressivement en 2024, 2025 et 2026. Mais dès à présent, on peut imaginer des scénarios innovants, à l’image de ce qui a pu être réalisé dans d’autres grandes villes en France, comme à Toulouse.

« Les écoles ne seront pas nécessairement rattachées au collège le plus proche, prévient Jean-Luc Chenut. Cette logique de proximité a tendance à pérenniser des situations de ségrégation sociale. » Un secteur multi-collèges existe déjà depuis 2016 avec Rosa-Parks, Emile-Zola et Anne-de-Bretagne. Il permet à des élèves de Villejean de fréquenter des collèges du centre-ville.

Et dans le privé ?

Autre pratique qui pourrait voir le jour à Rennes, « la montée alternée, avec un binôme de collèges. Une année, tous les 6e vont au collège A. L’année suivante, tous sont accueillis au collège B, décrit Jeanne Larue. Cela permet un brassage. »

Fermetures de classes, enseignants non remplacés : l’école publique est-elle menacée ?

En parallèle, le Département mène des discussions avec la Direction diocésaine de l’enseignement catholique. « À la différence du public, il n’y a pas de carte scolaire, rappelle Jean-Luc Chenut. Mais nous travaillons sur les crédits d’investissement mobilisés au titre de la loi Falloux en privilégiant, par exemple, les établissements qui pratiquent la tarification à trois niveaux. »

Ecole – Lu dans Ouest-France

Mixité sociale à l’école : à Rennes, le protocole signé avec l’école privée « irrite »

L’Éducation nationale a signé un protocole d’accord sur la mixité sociale et scolaire à l’école avec l’enseignement catholique sans contrepartie. Ce protocole suscite de la déception auprès de nombreux élus locaux. À Rennes, Gaëlle Rougier, adjointe à l’Éducation, ne cache pas son « irritation » vis-à-vis de cette politique.

Gaëlle Rougier, Europe Écologie Les Verts (EELV), adjointe à l’Éducation, à Rennes.
Gaëlle Rougier, Europe Écologie Les Verts (EELV), adjointe à l’Éducation, à Rennes. | PHOTO : OUEST-FRANCE

Gaëlle Rougier, vous êtes adjointe à la maire de Rennes en charge de l’Éducation. Que pensez-vous du protocole d’accord signé entre le ministère de l’Éducation et l’enseignement catholique sur la mixité sociale et scolaire ?

Cela suscite beaucoup de déception chez de nombreux élus locaux. Pour moi, je parlerais même d’une forme d’irritation. Ce protocole n’aboutit à aucun quota de boursiers ni d’objectifs contraignants pour l’enseignement privé. À l’heure où les collectivités ont tant de difficultés à maintenir le niveau de financement nécessaire dans les écoles, les centres de loisirs et dans les quartiers auprès des familles en difficulté, pour accueillir le handicap, ces annonces font mal.

S’attaquer aux inégalités scolaires et favoriser la mixité demandent que chacun contribue. Certes, la ségrégation à l’école est multifactorielle : spatiale entre quartiers riches et pauvres, entre le public et le privé et entre les filières générales et professionnelles. Mais c’est factuel : l’enseignement privé attire plutôt des publics favorisés. Or, alors que nous demandons des contreparties à n’importe quelle association que nous finançons, nous ne pourrions rien exiger de l’enseignement privé, financé à 70 % par de l’argent public ?

Lire aussi : Mixité sociale à l’école : le privé catholique signe un protocole mais refuse la contrainte

C’est loin des ambitions initialement affichées par le ministre Pap Ndiaye qui, au mois de mars, parlait « d’exiger » de l’enseignement privé qu’il favorise la mixité des élèves…

Le ministre a été abandonné très tôt par sa majorité. On sentait que ce serait difficile pour lui d’aboutir à quelque chose de constructif. Localement, on travaille bien avec l’Éducation nationale, mais sans accord sur les objectifs et les moyens au niveau national, tout ce que l’on pourra engager pour améliorer la mixité sociale aura un résultat marginal. On aurait besoin d’un cadre national pour l’enseignement catholique, mais aussi les collectivités et les élus.

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Quelles solutions envisager alors ?

Le problème c’est la question de l’offre. Comment rendre le service public attractif ? Il faut un « plan Marshall » de l’école publique : investir dans les écoles qui en ont besoin, revaloriser le métier d’enseignants, donc leur rémunération sans contrepartie, leur formation, les remplacements ; recruter et assurer des moyens dans les zones d’éducations prioritaires où demeure une incertitude sur l’avenir de ce réseau alors que c’est le seul dispositif existant pour corriger les inégalités scolaires.

Il faudrait également des outils de concertation avec le privé et les collectivités. Et l’école inclusive demeure une injonction qui pèse presque exclusivement sur l’enseignement public. En attendant, nos exercices budgétaires sont contraints. À Rennes, l’éducation reste une priorité donc on maintient un haut niveau d’investissements dans l’accompagnement du handicap, des séjours vacances, des familles défavorisées, du temps périscolaires, mais, là, les collectivités versent un forfait communal à l’enseignement privé mais ne doivent pas exiger de contrepartie ou d’effort en retour, c’est choquant.

Ecole – Lu dans Ouest -France

Le POID précise qu’à la différence de la mairie de Rennes, il se prononce pour l’abrogation de toutes les lois anti-laïques promulguées par la Vème république et contre tout financement des écoles privées par l’Etat.

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Mixité sociale à l’école : en Bretagne, « l’enseignement catholique n’a pas à rougir »

L’école privée est-elle « mauvaise élève » en termes de mixité et d’inclusivité scolaire ? C’est ce que laissent entendre certains élus. Pour Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine, l’école privée « prend toute sa part au service public d’éducation ».

La rentrée des classes, en septembre 2022, à l’école Sainte-Jeanne d’Arc de Rennes.
La rentrée des classes, en septembre 2022, à l’école Sainte-Jeanne d’Arc de Rennes. | OUEST-FRANCE

Le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a évoqué, mercredi 22 février 2023, différents leviers d’action pour favoriser la mixité scolaire et sociale à l’école, espérant notamment que l’enseignement privé sous contrat « augmente sa proportion d’élèves boursiers ». Le protocole signé entre le ministère de l’Éducation nationale ne convainc pas certains élus. C’est le cas à Rennes de Gaëlle Rougier, élue écologiste et maire-adjointe à l’Éducation, qui ne cache pas son « irritation » et demande plus d’engagements de la part de l’école catholique (lire Ouest-France du vendredi 26 mai 2023). Une position qui surprend Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine.

Entretien

Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine.

La maire adjointe à l’éducation de Rennes, Gaëlle Rougier, se dit « irritée » par le protocole signé entre l’Éducation nationale et l’enseignement catholique qu’elle estime « sans contrepartie » en termes de mixité scolaire. Que répondez-vous ?

Je ne cache pas une certaine incompréhension. En Bretagne et en Ille-et-Vilaine, en l’occurrence, nous n’avons sûrement pas à rougir de la manière dont l’accueil de tous les élèves se fait. Nous sommes un enseignement catholique de très forte mixité sociale et nous accueillons, en Ille-et-Vilaine, 42 % environ de la population bretillienne.

Lire aussi : Mixité sociale à l’école : à Rennes, le protocole signé avec l’école privée « irrite »

 

Si les IPS (Indices de position sociale) des établissements de l’enseignement privé sont légèrement supérieurs à ceux du public, les moyennes restent sensiblement les mêmes sur un grand nombre de secteurs, notamment les secteurs ruraux. Dire que l’inclusivité pèse exclusivement sur l’école publique n’est pas vrai. J’attire l’attention sur le fait qu’un IPS bas n’est pas forcément synonyme de mixité. La mixité sociale est une chose mais elle doit aller de pair avec la mixité scolaire, pour accueillir tous les jeunes.

Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique en Ille-et-Vilaine. | OUEST-FRANCE

L’école inclusive est pour nous une priorité qui se concrétise, par exemple, par l’installation en écoles, collèges et lycées, de dispositifs spécifiques, tels que des Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) pour des jeunes en situation de handicap. Nous travaillons également en lien direct avec les établissements médico-sociaux pour installer au sein de nos établissements des unités d’enseignement externalisées qui se développent de plus en plus et montrent que l’enseignement catholique est partie prenante dans ces projets.

Lire aussi : Mixité scolaire : l’Éducation nationale veut harmoniser la part d’élèves défavorisés dans les écoles

Fermetures de classes, enseignants non remplacés : l’école publique est-elle menacée ?

Le protocole signé au niveau national n’est pas « sans contrepartie » : c’est une véritable prise de conscience que, pour favoriser la mixité sociale et scolaire, les collectivités territoriales, l’État et l’enseignement catholique ont des actions à mener et des engagements à prendre. Ce n’est qu’ensemble que nous arriverons à améliorer encore la situation qui, je le rappelle, en Bretagne et en Ille-et-Vilaine, est plutôt satisfaisante en termes de mixité sociale. Par ailleurs, il existe déjà de nombreuses instances de concertation entre le privé, l’État et les collectivités territoriales. Les relations sont bonnes et les échanges nourris. C’est le cas avec la Ville de Rennes. Nous sommes un véritable partenaire !

« L’école catholique est pleinement associée au service public d’éducation »

La maire adjointe de Rennes estime que les exigences envers l’enseignement privé devraient être plus grandes, car l’enseignement privé est « financé à 70 % par de l’argent public »…

De par la loi, l’enseignement catholique n’entre pas dans le principe de la carte scolaire et c’est le chef d’établissement, en effet, qui est responsable des élèves qu’il accueille. En Ille-et-Vilaine, avec le taux important d’élèves scolarisés, nous sommes pleinement associés au service public d’éducation.

Lire aussi : Mixité scolaire : Pap Ndiaye souhaite plus de boursiers dans le privé

À Rennes, 17 des 58 écoles élémentaires relèvent de l’enseignement privé catholique. | ARCHIVES OUEST-FRANCE/ILLUSTRATION

Il est important de rappeler que ces financements publics ne correspondent pas à des subventions comme pour des associations. La loi impose, de par notre association au service public d’éducation, le financement de l’enseignement par l’État et les collectivités territoriales. Je reste convaincu que la présence en Ille-et-Vilaine des deux réseaux d’enseignement, public et privé, reste une force, avec une possibilité pour les familles de faire un choix, comme la loi le propose.

Lire aussi : Pourquoi y a-t-il autant d’élèves scolarisés dans le privé en Bretagne ?

À Rennes, quelle est la place de l’enseignement catholique ? Les écoles sont-elles seulement dans les « beaux quartiers » ?

À Rennes, l’enseignement catholique est très présent. Nous comptons 17 écoles qui sont toutes des écoles maternelles et élémentaires et nous scolarisons à Rennes intra-muros 25 % des élèves. Au niveau départemental, en premier degré, c’est environ 35 % des élèves.

Lire aussi : A Rennes, l’enseignement catholique est un interlocuteur de poids

Le pourcentage est donc bien moindre au niveau de Rennes intra-muros, car l’enseignement catholique, contrairement à l’enseignement public, n’a pas eu la possibilité de se développer dans un certain nombre de nouveaux quartiers où, il est vrai, la mixité sociale est aujourd’hui plus forte. Il n’y a par exemple pas d’école catholique à La Courrouze, à la Plaine de Baud ou à Beauregard. Cela relève aussi d’autorisations académiques. Nous sommes donc un peu prisonniers de notre implantation historique. Mais non, nos écoles ne sont pas seulement dans les quartiers les plus favorisés. Nous sommes aussi à Villejean (école Saint-Jean-Bosco), au Blosne (Saint-Armel) et à Maurepas (Saint-Laurent).

La Bretagne compte environ 40 % de ses élèves, soit un peu plus de 230 000, dans le privé, tout niveau confondu. | ARCHIVES OUEST-FRANCE/ILLUSTRATION

Des critères sociaux ou de revenus sont-ils appliqués pour les frais de scolarité, pour la restauration ?

Dans les écoles rennaises, les coûts de scolarité restent très raisonnables. Il s’agit d’une contribution que payent les familles pour ce qui concerne les investissements immobiliers (le bâti) et le caractère propre (la pastorale catholique). Sur l’ensemble de notre département, et notamment à Rennes, de plus en plus d’établissements, et donc d’écoles, pratiquent la contribution différenciée : elle est directement liée au quotient familial des familles. Il est en effet proposé aux familles, selon leur quotient familial, d’opter pour une contribution basse, moyenne ou haute. Ces modalités sont en effet de nature à favoriser la mixité sociale et donc scolaire.

Lire aussi : Pourquoi la cantine n’est pas gratuite dans les écoles privées comme dans le public

Il est à noter, et nous remercions très sincèrement la mairie de Rennes pour cela, qu’une aide aux familles est apportée via l’association Les Fourneaux économiques, sous la forme d’une subvention à caractère social aux familles pour la restauration. Nous sommes convaincus que ce dispositif, que nous travaillons depuis plusieurs années avec la Ville de Rennes, est de nature à favoriser la mixité sociale dans nos établissements.

Lu dans Ouest-France

ENQUÊTE. À Rennes, la mixité scolaire en panne dans les écoles, collèges et lycées

En octobre 2022, l’Éducation nationale dévoilait l’indice de position sociale (IPS) des établissements scolaires. À Rennes (Ille-et-Vilaine), de l’école au lycée, une fracture sociale existe entre les quartiers, le privé et le public et entre l’enseignement professionnel et général.

Les chiffres de l’Éducation nationale témoignent d’inégalités dans les établissements scolaires de Rennes. Illustration à l’école élémentaire Liberté.
Les chiffres de l’Éducation nationale témoignent d’inégalités dans les établissements scolaires de Rennes. Illustration à l’école élémentaire Liberté. | PHILIPPE RENAULT / OUEST-FRANCE

La mixité sociale est un cheval de bataille récurrent des politiques éducatives françaises. Mais cela reste plus facile à dire qu’à faire. En octobre 2022, l’Éducation nationale a été contrainte, par le tribunal administratif, de rendre public l’Indice de position sociale (IPS) des établissements scolaires.

Comment est calculé l’IPS ?

Cet outil permet d’évaluer la situation sociale des élèves. Il est calculé en fonction d’un ensemble de caractéristiques familiales des élèves (professions des parents, niveau d’étude, capital culturel…). Plus l’indice est élevé, plus l’enfant évolue dans un contexte familial dit socialement favorable aux apprentissages. Et inversement.

Lire aussi : CARTES. École, collège… Ce que révèlent les indices de position sociale publiés par le ministère

À l’école, une spatialisation des inégalités

Dans les écoles de Rennes, les inégalités sont visibles dans l’espace. Le centre-ville accueille les élèves les plus favorisés, alors que les quartiers de Maurepas – Bellangerais, le Blosne et Villejean – Beauregard ont des IPS bien en dessous de la moyenne nationale (102,8).

 

 

Un diagnostic qui confirme « le creusement des inégalités sociales », selon Gaëlle Rougier, déléguée à l’éducation à Rennes. « Il ne faut pas stigmatiser les quartiers, mais on ne peut que reconnaître que les inégalités spatiales nourrissent les inégalités à l’école. » Puisque l’affectation des élèves dépend de la carte scolaire et donc du lieu d’habitation.

En France, le lien entre inégalité scolaire et inégalité sociale est l’un des plus forts d’Europe.

— Céline Piquée, chercheuse à Rennes 2

« La ségrégation scolaire résulte, en partie, de la ségrégation urbaine, explique Céline Piquée, chercheuse en sciences de l’éducation à Rennes 2. En France, le lien entre inégalité scolaire et inégalité sociale est l’un des plus forts d’Europe. En moyenne, un enfant issu de milieu précaire va avoir moins de chance de réussir scolairement. Et les regrouper dans le même établissement va accroître les inégalités scolaires, par rapport à ceux des milieux favorisés. »

Un constat qui pousse la ville à adapter sa géographie scolaire. « Tout en restant un service de proximité, nous sommes en train de revoir les périmètres des écoles à l’adresse près, pour créer plus de mixité dans les établissements. »

Des « écoles orphelines »

Autre problématique, au vu de leur IPS, certaines écoles déjà classées en Réseau d’éducation prioritaire (REP) mériteraient de passer en renforcé (REP + ), mais ne le sont pas. C’est notamment le cas des écoles Guyenne (Villejean), Trégain (Maurepas) et Torigné (Blosne). « Le classement en REP ou REP + est déterminé en fonction des collèges, explique Emmanuel Maray, secrétaire départementale SNUipp-FSU 35. Si le collège du secteur n’est pas classé en REP +, alors l’école ne le sera pas. »

Des écoles, dites orphelines, qui ne bénéficient donc pas d’aides supplémentaires, dont elles auraient pourtant besoin. Une refonte de la carte de l’éducation prioritaire a été annoncée par le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, le 10 janvier. Mais Gaëlle Rougier reste sceptique. « Cela ne va pas impliquer plus de moyens, mais une autre répartition. Alors que les établissements et les enseignants, déjà usés, en ont cruellement besoin. »

Échec des multicollèges

Du côté des collèges, gérés par le Département, les constats sont quasiment les mêmes que pour les écoles. Si ces établissements du second degré possèdent un IPS moyen supérieur de trois points à la moyenne nationale (103,36), les disparités entre les établissements sont parlantes. Les collèges publics, d’autant plus ceux situés dans les quartiers périphériques, possèdent les IPS les plus bas.

Les collèges publics accueillent des élèves plus défavorisés que les établissements privés de Rennes. Photo d’illustration du collège Rosa-Parks. | JOEL LE GALL / ARCHIVES OUEST-FRANCE

Rosa-Parks, dans le quartier de Villejean, est classé tout dernier, avec un indice de 72,7. Il se situe dans les 3 % des collèges concentrant les élèves les plus défavorisés du pays. Pourtant en 2018, l’académie avait revu la carte scolaire, en resectorisant les collèges, afin de favoriser « la mixité sociale ». Les familles qui dépendent du secteur pouvaient alors choisir d’inscrire leurs enfants dans le collège du quartier, Rosa-Parks, ou dans deux établissements du centre-ville : Anne-de-Bretagne (Thabor) et Émile-Zola (hypercentre).

Indices de position sociale dans les collèges rennais. | INFOGRAPHIE OUEST-FRANCE

« Cela a permis de sortir certains jeunes et catégories sociales de leur quartier, mais cela n’a fait que dégrader l’IPS de Rosa-Parks », constate Jeanne Larue, vice-présidente déléguée à l’éducation en Ille-et-Vilaine. À la rentrée 2021-2022, sur les 295 élèves de primaire du secteur, seulement 95 ont décidé d’aller à Rosa-Parks. 94 se sont inscrits soit à Anne-de-Bretagne ou à Zola. 82 sont partis dans le privé.

Une stratégie d’évitement des parents

Outre cette ségrégation spatiale, l’écart entre les établissements publics et privés est aussi frappant. Parmi les cinq établissements concentrant les élèves les plus favorisés, quatre sont privés. Alors que parmi les 10 320 collégiens rennais, 64 % sont scolarisés dans le public, 36 % dans le privé.

Le collège Assomption, à Maurepas, possède le plus haut indice de Bretagne. Dans le même quartier, à un kilomètre, le collège public Clotilde-Vauthier, classé REP (réseau d’éducation prioritaire), lui, a un IPS quasiment deux fois inférieur à celui de l’Assomption.

Lorsque les classes sont plus mixtes, le niveau des « bons élèves » est très peu impacté.

— Céline Piquée, chercheuse à Rennes 2

« Cette situation est symptomatique de la fuite vers le privé. Pour éviter la carte scolaire et d’inscrire leurs enfants dans des établissements avec « une moins bonne réputation », certains parents font le choix du secteur privé. » Une stratégie d’évitement qui ne fait que renforcer les inégalités, selon Céline Piquée. « Beaucoup de parents ont l’impression que scolariser leur enfant dans des établissements avec des élèves en difficultés, va faire baisser leur niveau. En réalité, de nombreux travaux contredisent ce préjugé. Lorsque les classes sont plus mixtes, le niveau des « bons élèves » est très peu impacté. Alors que ceux en difficultés progressent mieux. »

« Il faut revoir la carte scolaire »

Du côté du privé, on se prévaut « d’accueillir toutes les catégories sociales. Forcément, le public que nous accueillons est assez favorisé. Mais nous faisons en sorte de privilégier la mixité dans nos établissements », indique Michel Pellé, directeur diocésain de l’enseignement catholique du département, en prenant en exemple le collège Joséphine-Bakhita – un des trois IPS les plus bas de la ville.

Pour Céline Piquée, « le nœud du problème se joue au collège. On remarque qu’à l’entrée en 6e, il y a un passage, pour les familles qui peuvent se le permettre, du public au privé. Puis au lycée, c’est l’inverse. Cette stratégie de réussite scolaire des parents est compréhensible, mais elle accroît la ségrégation ».

Au-delà du constat, Jeanne Larue dit chercher des solutions et plaide pour une expérimentation à l’échelle de la ville. « Il faut revoir la carte scolaire, pour qu’elle soit cohérente de l’école au lycée. Cela implique de mettre tout le monde à la table des négociations : le public, le privé mais aussi les parents. »

Lycées : l’écart se creuse

Au lycée, les inégalités à l’école et au collège se poursuivent. Les catégories populaires sont surreprésentées dans les lycées professionnels. L’Indice de position sociale (IPS) moyen de ces établissements à Rennes est de 87,6 contre 126,5 pour l’enseignement général.

Une poursuite des inégalités scolaires, selon Céline Piquée. « Au collège, les élèves avec les moins bons résultats vont être orientés vers la filière professionnelle. Le plus souvent, ce sont des personnes issues de milieux précaires. »

À Rennes, les lycées généraux comptabilisent les IPS, les plus hauts. Photo d’illustration du lycée Émile-Zola. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Et alors que la rupture entre le privé et le public était lisible au collège, dans les lycées généraux, elle s’amenuise. Avec un IPS de 123,4 pour le public et de 134,5 pour le privé. Toujours selon Céline Piquée, cela peut s’expliquer par « un retour au public après le collège »« Mais ce n’est pas aux parents d’assurer seuls la réussite de la mixité. Il faut qu’il y ait un véritable choix politique, notamment sur la sectorisation des établissements et les moyens accordés à l’enseignement. »